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Le véloquent
Le véloquent est un coureur. Dès qu’il croise de jolies jantes, le voilà lancé dans des sonnettes sans frein : « O solex mio, t’as de beaux pneus, ma petite reine... » Tout lui plaît, de la draisienne mûre à la fraîche mobylette en passant par la michaudine, et que son châssis soit blond, brun, ou de deux roux. Beau comme Aquilon, monocycle à l’œil, ce Machiavélo conte célérette à celles qui tentent une échappée, et il sait l’air y faire : « Allez-y, alizés ! Le tandem est le temps d’aimer. » L’autre jour, certes après son habituel fric-show, il a gagné le cœur d’Iclette en soufflant juste « On se fait la bise ? ». Parfois il veut changer de vitesse, il pousse, pousse, et sa langue fourche : « Les jours de grand vent, le vélocipète... » Ce dérailleur enchaîne alors de grossiers « Veux-tu voir mon grand bi » à de non moins vaseux « Je vais téter ». Mais jamais il n’a abordé de tricycle ni de trottinette, ni même de vélolita ayant encore deux petites roues à l’arrière pour éviter les déséquilibrés. Encore moins de boy-scooter. Non, c’est loin d’être une pédale. Il a pignon sur rue et sait tenir la route. Plutôt que de s’offrir sur un plateau une motocyclette volage ou de conduire dans sa chambre une rustine dans le vent, le véloquent préférera toujours la pompe d’une véritable cour aérienne.
Jeux de mots laids pour gens bêtes, dans la lignée de JR, OS, HLT et PF.