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La magnanarelle s’exprime de façon féminine
Clémence n’est pas une héroïne de fiction. Pour imaginer sa tâche, dresser la liste des opérations transformant l’enveloppe soyeuse génératrice de fibre de soie prête à tisser ? Asphyxier les coques des chrysalides dans une étuve à vapeur, retirer les coques de l’étuve et les poser sur des plaques où elles sèchent pendant douze semaines, au cours desquelles elle doit les retourner régulièrement pour accélérer l’évaporation de l’eau, tirer ensuite les fibres de soie des coques en les jetant dans des bassines d’eau très chaude dans lesquelles on plonge les mains pour en tirer les fibres de soie de qualité supérieure, presser plusieurs de ces fibres ensemble pour obtenir une fibre unique, enrouler cette fibre pour en faire des bobines préparer les fibres pour les machines à tisser. Une tâche extrêmement pénible, qui s’était déplacée des campagnes aux usines lyonnaises. Avec la puanteur des chrysalides en décomposition, l’eau brûlante, la bourre de soie dans l’atmosphère des manufactures dont les fenêtres étaient fermées pour protéger la coûteuse soie. Une carrière de femme.