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— Maintenant que nous sommes tous ensemble, quel groupe voudrait nous lire l’un de ses résultats ?

— Gilbert a joliment respecté toutes nos consignes.

— Ça ne m’étonne pas, c’est un habitué de nos ateliers. Quelles règles avez-vous choisies ?

— Quatrain d’alexandrins à rimes embrassées, puisque c’est le schéma le plus classique pour un sonnet.

— Pourquoi pas, bien que ce ne soit pas le choix de Queneau. Mais évitons le jargon, pour que tout le monde comprenne. Il veut dire que le premier et le quatrième vers riment ensemble, ainsi que le deuxième et le troisième : A - B - B - A.

— Nous avons insisté sur le fait que la sixième syllabe de chaque vers doit être accentuée, et que les rimes doivent respecter leur genre et leur nombre.

— Il veut dire qu’un mot se terminant par un E muet ne doit pas rimer avec un autre sans E final.

— Et qu’un mot au singulier ne rime pas avec un autre au pluriel.

— Ce sont des règles un peu dépassées. Nous sommes au XXIe siècle, tout de même.

— Notre atelier a décidé de les respecter. Ça n’est pas plus arbitraire qu’interdire l’emploi d’une lettre, hein.

Quelques rires.

— Bien, écoutons cela !

— Nous avons même discuté des E caducs entre voyelle et consonne, pour améliorer le deuxième vers de Gilbert.

— Houlà, ça devient technique. Comment l’expliquerais-tu rapidement pour tout le monde ?

— Eh bien Gilbert avait écrit « dont a envie sans doute... ». L’E final d’« envie » se trouve après une voyelle, I, et avant la consonne S de « sans ». C’est interdit.

— Il veut dire que jusqu’au XIXe siècle, les poètes évitaient cela. De nos jours, on fait ce qu’on veut.

Rires plus fournis.

Peut-être faudrait-il passer à la lecture, non ? Gilbert, nous t’écoutons.

— Incliné il espère saisir ses valises
qui intéressent certes la horde voleuse
et ainsi il se penche surprise fameuse
illico il ne trouve qu’un sac de cerises

Applaudissements.

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