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Atelier d’écriture valise (3)
LIRE LÀ LES ÉPISODES UN & DEUX.
Aparté entre Frosine et Arnolphe (les deux qui animent l’atelier) :
— N’oublions pas Alceste, là-bas au dernier rang. Il sera content de nous lire son poème. Le pauvre ! si seulement ça pouvait lui faire oublier son chagrin d’amour.
— Je sais... d’ailleurs ici tout le monde le sait : Gabrielle le trompe.
— D’habitude son écriture est bizarre, du genre polysémique. Sauf ses titres, très explicites...
— Bonne idée ça, les titres !
À tous, espérant accrocher Alceste :
— Est-ce que vous avez pensé à donner un titre à vos poèmes ?
— Des titres joliment parés ? On mettrait sur la liste ceux que l’on a pêchés ?
— Oui Alceste, et déjà félicitations ! Combien tu t’accroches à la mission fondamentale de la poésie : donner un sens plus pur aux mots de la tribu ! À quoi penses-tu ?
— Euh... à fourrer mon titre de sons décalés.
— Qu’entends-tu par là ?
— Ben, comment dire... le titre en serait "Gabrielle me trompe avec une valise", ou bien "La pire des noces" vu que c’est l’histoire d’un amour abandonné. J’ai aussi pensé à "Elle me trompe avec une payeuse", ou "Elle me trompe en picotant", ou "Elle me trompe avec ses poux", ou encore "Elle me trompe quand je pique", et puis "Elle trompe le fou piqué", mais finalement...
Alceste se lève et déclame :
Gabrielle en dînant se perche,
fait des passes — elle a trompé
le Bob dans l’eau zénith trempé
prenant pour valise sa berge.
Sous les ponts où tromper assise,
elle y trompe son propre camp,
elle le trompe le poussant :
sale engin à fond de valise.
Voir l’écume outre des fayots ?
Telles mines de saints pâlots
sont tout près d’écrouler des cottes.
Sur ce catho logique sport
greffe-t-on une mite à bord
soûle ne débrouillant que loques ?
Applaudissements.
— Bravo Alceste. Mais comment fais-tu pour sonner si juste ?
— Eh bien, je vous branche sur le la : pas besoin de couvrir le son.
N. B. — Ci-dessus le tout n’est pas que de mon cru : Nicolas Graner aussi a prêté son ban.
[À SUIVRE ?]