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Ana, ô sort d’opale
Exténuées, on arriva, voici ici ville curieuse, étonnante, bizarre, surnommée Ana, là les siroccos vont jamais se cesser. Dans Ana les siroccos par-là amènent fragrance venue de contrées désertes, puis d’océanique horizon, l’énorme harmattan ici trimballe poussière qui pénètre alors l’habit. Sifflant, ce lancinant vacarme cesse nullement, donc gens alors sauraient ne pas pouvoir discuter. L’Editée Rose Sablée le rapporta : Sachez, si blizzard devait se terminer, métropole tomberait aussitôt !
Durant la giboulée qui nous détrempe en avril, tout gars-là s’y collent : devoir prendre caillasse argentée de l’ocre havresac, laquelle semble avoir l’âme du chérubin de dix
années. Certes, gens peuvent décrypter les devenirs, vie complète, sort fini, destin
définitif. Cette roche nomme compagnon de la vie, l’informe de quand son décès viendrait, puis fonction à sa destinée. Mais personne n’y a révolte dure, dépit ou amertume pure, l’us pouvant y paraître peu agréable quand il n’a donné aucun répit, fatalités laides, très très sobres ou si agréables, sort sanglant, destinées bêtes, sort ordinaire, ici les citoyens n’empêchent jamais leur sort de survenir.
Etonnées d’apprendre pareils sorts, disons illico "leurs folklores, ici, ils sont durs !". Illico, l’as cicérone nous murmura :
— Subir destin plus tragique, de son vil devenir innocent, semble commode.
(Métropole qui l’obsède - Hervé Le Tellier)