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Annan : J’arrive où je suis étranger
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Chercher dans le destin des pierres
En Annan où sans rémission
Souffle un vent chargé de passions.
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Dans le grand jour où ton cœur trempe
L’air charrie des parfums d’adieu
Dans la poussière aux tons ferreux.
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Tu affrontes dans la souffrance
Ce vent qui siffle lancinant
Dans le moindre recoin d’Annan
O mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Quelle Rose des Sables gronde
Que lorsque le vent cesserait
Tous les murs d’Annan tomberaient
Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Au printemps des pluies monotones
Il tire d’un chapeau cornu
Sa pierre au destin convenu.
C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
La vie que ta pierre raconte
Le labeur, l’amour qui t’échoit
Le glas qui sonne de surcroît.
C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
C’est ton lot que la pierre expose
Tes malheurs ou ton bonheur fou
Tu les acceptes sans dégoût.
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
A l’heure de fermer le livre
Rien ne pèse sur l’étranger
Qui vient ici le cœur léger.