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Xlokkworld, ou le vache fatum jacobin de quartz gypseux
Quatorze suffocantes journées de chameau nous ont conduits dans la beige vallée de Xlokkworld, pays des Vents Éternels. L’air toujours en mouvement y charrie des effluves de désert ouzbek et de mer, et transporte une fine poussière couleur de rouille qui finit par imprégner nos vêtements en wax. Son sifflement exténuant ne s’arrête jamais, même le week-end, au point de faire bégayer chaque conversation dans la zone. Le Grimoire de la Rose des Sables raconte que si le zéphyr devait cesser un jour de souffler, les murs de toutes les villes de Xlokkworld s’effondreraient.
À Xlokkworld, au jour de la première pluie de printemps, l’enfant qui va avoir onze ans dans l’année entrebâille un sac de toile et y tire au hasard une pierre d’argent.
Sur cette pierre est gravé en joyeux swahili kufique son devenir de zombi majeur. Voyez-vous, le sort désigne aussi bien son futur know-how, l’identité de son époux ou de sa compagne, le nombre de ses rejetons que la date de sa mort. Certaines vies sont heureuses et jazzy, d’autres d’une effrayante banalité, quelques-unes enfin des patchworks tumultueux et sanglants. Mais aussi terribles soient-elles, tous les gens de Xlokkworld s’y conforment scrupuleusement, sans schizonévrose ni jacquerie.
Nous avons fait part de notre ébahissement à Jacky Maxwell, le guide aztèque. Il a souri pacifiquement, et bégayé cette zwanze d’une voix de kharidjite :
— Subir le plus kafkaïen des destins reste joyeux, si la squaw ou le zig se voit innocent de son propre malheur.
(Cités de mémoire - Hervé Jack Wolfy Lopez-Quixote - 2002 Berg International)
Toutes les phrases sont des pangrammes. Le « xlokk » est le sirocco maltais, donc « Xlokkworld » signifie « pays du vent ». Notez que ce nom n’intervient pas dans toutes les phrases.