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Si par une nuit d’hiver…
– La nuit... Le roman commence. Soir pluvieux. Quand nous aurons allumé le feu, nous ne pourrons plus voir les pages du livre qui sont embuées, comme les vitres d’un vieux train. Tout est brumeux, comme vu à travers des yeux de myope ou que des escarbilles ont irrités. Le feu est un hypnotiseur. Quand il y a le feu, il n’y a plus que cette unique odeur qui est celle de l’attente... Ce soir, peu importe que les lampes ne parviennent pas à éclairer au-delà d’un halo imprécis : le ciel a chassé tous ses nuages pour nous !
Il n’en fait que plus frisquet, bien sûr, mais on respire, mais on s’aère, tous signes qui tendent à vous informer que c’est les vacances et le camp de vacances ! C’est du moins ce qui résulte de la succession des phrases du second alinéa… C’est vrai qu’il manque la mer, mais tout émerge d’un voile d’obscurité et de brouillard. On ne s’attendait pas à partir en vacances aussi vite, et peut-être aussi longtemps. C’est une infinitude que tu connais par cœur. Regarde cette étoile, je la vois, tu la vois, et pourtant en dehors d’elle il n’existe rien d’autre que le signal sans réponse d’un téléphone qui sonne dans une pièce obscure d’une ville lointaine.
Jacquilo Joualvinet, Mek-Ouyes, un voyageur.