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Prose pour qui emprunte
Hyperbole de livres noirs :
Face au néant s’est débattu
L’écrivain devant un grimoire
Qu’on a prétendu sans vertu.
Et toi lecteur prends patience.
Dans ce péril rien d’actuel
Ne peut surgir d’une vraie science,
Jeu d’un idéal virtuel.
De livres non écrits tu gages,
Toi l’écrivain, que tu fais tiens
Ceux des autres : quel avantage !
Que peut comprendre un béotien ?
Vrai ! Ton autorité se trouble
Devant ce rapt que tu ourdis.
N’invoque pas ici un double
Qui surgirait du paradis.
Si plus d’un auteur que tu cites
Et que tu as revisité
En bibliothèque s’excite,
Tu en seras discrédité.
Oui, dans le mille de la marge
Tu as en vue bien des visions
Plus de mots s’étalant plus large,
Des groupes de mots en fusion.
Tu mêles une phrase opportune
D’une chanson à l’opéra
Aux mots d’un sonnet sans lacune :
Leur intégration se fera.
Gloire du long désir ridé !
Tout en toi s’exalte de voir
La famille des mots guidés
S’offrir à ce nouvel avoir.
Né, ce labeur fier de s’étendre
Aux littératures si loin,
A pu trouver chaque mot tendre
Qui t’occupe d’un rare soin.
Oh ! Sache l’Esprit de litige
A cette heure où nous nous plagions,
Qu’un écrit si facile oblige
A se justifier en raison,
Et non comme ligne cursive
Quand son jeu monotone ment
 vouloir que l’ampleur arrive
Auprès d’un jeune étonnement.
Jouir ! Tu écris cette pancarte
Sans fin attestée sous tes pas
Par le mot même qui t’écarte
D’un pays qui n’existe pas.
Le sens abdique son emphase,
Et docte déjà par chemins
Il dit le mot : hypostase !
Né pour d’éternels parchemins,
Avant qu’un lecteur ne te crie :
Ton livre naît sous un linceul !
Bien vrai ! C’est une allégorie !
Assez ! L’auteur est toujours seul.