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Prise de conscience d’un manque de véhicule à deux roues
Le fait de rouler à bicyclette est l’école des déplacements d’air
plus ou moins importants ressentis à la surface du globe.
On compte deux sortes de déplacements d’air qui se rapportent à
l’utilisation ou au sport de la bicyclette : le déplacement d’air qui
existe en soi, indépendamment du sujet pensant et le déplacement d’air
qui concerne, implique ou constitue une relation. Le premier est celui que
fabriquent les lois du mouvement et de l’équilibre de l’ensemble
constitué des êtres et des choses créés et le second est l’ensemble
d’actions accomplies par celui qui se déplace à bicyclette tout seul et
en vue d’un certain résultat. Ce qui est parfait en son genre et
témoigne de sa parfaite réussite, pourrait-on dire, car plus son
déroulement dans le temps paraît accéléré, plus celui qui se déplace
à bicyclette fabrique des déplacements d’air agités.
Le déplacement d’air de tout ce qui existe sur terre, perçu par
l’homme et le plus souvent en opposition avec lui est celui qui nous vient
de face. Contre lui, je ne suis pas informé de l’existence d’un autre
moyen thérapeutique que celui des liens d’affection et de dépendance
mutuelle des hommes dus au besoin qu’ils ont les uns des autres. Le jour
où vous prenez un grand déplacement d’air du point cardinal qui se
trouve dans la direction de l’étoile polaire bien installé dans la
canalisation destinée à l’écoulement du liquide, rien ne vaut
quelqu’un à qui on est lié par une vie ou des activités communes et
qui possède de larges parties supérieures des bras se rattachant au
thorax. Vous vous faites d’une taille inférieure à la moyenne derrière
lui et vous restez ainsi, l’attention fixée, jusqu’à ce que ça
passe. A plus proprement parler, vous restez ainsi jusqu’à ce qu’il
s’éloigne d’une faible distance pour vous laisser lui succéder dans
la poursuite de l’opération et aller au résidu de la combustion
incomplète du bois à votre tour.
Paul FOURNEL, Prise de conscience d’un manque de véhicule à deux roues
de même diamètre montées sur cadre, dont l’une, à l’avant, commandée
par un guidon, est directrice tandis que l’autre, à l’arrière,
entraînée par un système de pédalier actionné par une seule personne,
est motrice, Seuil, 2001.