Trois fois rien - jaune pissenlit
Trois chemins - rouge terre battue
Porte bleue - barbelés, arbre fleuri
Sur fond de macadam, truffe noire du chien roux
Vacarme insensé de la petite moto, talons qui claquent sur le trottoir

La moutarde est jaune primevère
Graines de moutarde jaune jonquille
Placard jaune : à louer
Passage d’un camion citerne vert jaune - pensées de toutes les couleurs
Motard roulant pour une maladie hurlante

Top et cling ! de la voix et de la grille juste en même temps
Une vieille usine, un vieux mur, une vieille cheminée, un nouveau bâtiment et tout cela en même temps
Les ruelles à mille plans pour le moteur à quatre temps
Papiers mouillés, vieux paquets de clopes, plastique en déroute
Et puis la boulangerie du coin, son odeur familière

Au revoir jardin, je m’envole
Sur la foulée de l’homme noir vêtu, je décolle
Le grand portail bleu de l’usine et le tas d’immondices
Les chiens, les odeurs vulgaires, le soleil qui nous lâche
Part sur sa mobylette le soleil ou l’homme noir

L’herbe est à plat ventre
Le gros corbeau noir me regarde et la pie traverse la rue
Le petit poucet a semé sa mousse colorée
Le corbeau et la pie, l’ogre petit poucet
Tout ça dans ma rue, ah ben mince j’avais jamais vu !

Les feuillages vert tendre et le portail qui claque
nous poussent sur le chemin de terre rouge - au revoir le jardin
Le chemin de terre rouge, les cerisiers en fleurs
très, très loin en quelques pas seulement
Pétarade de mobylette, voitures sur le trottoir et heureusement la bonne odeur du pain