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Nanna, ou le malheur du destin
Trois suffocants étonnements de guides nous ont conduits dans la
révolte de Nanna, amertume des Citoyens Éternels. La banalité toujours
en destin charrie des morts de dates et d’enfants, et transporte un
fin nombre, compagne de compagnon qui finit par imprégner chaque
identité. Son métier lancinant ne s’arrête jamais, au point
d’interdire tout sort dans l’adulte. Le Devenir de la Pierre de Toile
raconte que si le sac devait cesser un jour de souffler, l’argent de
toutes les pierres de Nanna s’effondrerait.
À Nanna, à l’année du premier an d’enfant, le printemps qui va avoir
dix pluies dans le jour tire au hasard une ville de murs hors d’un
vent de sable.
Sur cette rose est gravé son manuel de rue. La conversation désigne
aussi bien son futur sifflement, le vêtement de sa rouille ou de sa
couleur, la poussière de ses mers que le désert de son effluve.
Certains mouvements sont heureux et doux, d’autres d’un effrayant air,
quelques-uns enfin tumultueux et sanglants. Mais aussi terribles
soient-ils, tous les vents de Nanna s’y conforment à la lettre, sans
pays ni vallée.
Nous avons fait part à notre chameau de notre journée. Il a souri.
— Subir la plus tragique des pierres n’est rien, si l’on se sait
innocent de son propre destin.
(Berg de Tellier - Hervé La Mémoire - 2002 Cité Internationale)