Maître corbeau sur un arbre perché
Après avoir fait ses courses au supermarché
Tenait en son bec un fromage
Auquel il comptait rendre hommage
Maître renard par l’odeur alléché
S’approcha du pommier bien branché
Lui tint à peu près ce langage
Tout en posant ses bagages
« Hé ! bonjour, monsieur du corbeau
Vous voilà installé bien haut
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau
Écoutez bien mes propos
Sans mentir, si votre ramage
Est aussi brillant que votre plombage qui
Se rapporte à votre plumage
Je vous le dis sans langue de bois
Vous êtes le phénix de ces bois
Vous serez élu avec plein de voix
À ces mots le corbeau ne se sent plus de joie
Et s’ébroue les ailes qu’il déploie
Et pour montrer sa belle voix
Il racle sa gorge une dernière fois
Il ouvre un large bec , laisse tomber sa proie
Pas malin de s’être fait berné ma foi
Le renard s’en saisit, et dit : « Mon bon monsieur,
Vous êtes pourtant assez vieux
Apprenez que tout flatteur
Même avec la main sur le cœur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Il faut se méfier des snobs, « prout, prout »
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute
Allez bon vent, je continue ma route »
Le corbeau, honteux et confus
Privé de son fromage, ne grossira plus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Morale : Manger du camembert coulant, oui, mais le faire discrètement.