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Loin la blanche canne
Loin, loin la blanche canne ! Il la jette sans affre
et, fier de son allure, estime marcher vite.
Sa paupière vacille, indifférente au phare
— cet idoine instrument du chauffeur qui l’évite.
Ensommeillé quasi somnambule, il avance,
mais comment avancer où choppe le panard ?
Un peu d’inquiétude empreint sa mine exsangue...
la rue il la traverse et veut sembler peinard.
D’un bleu blouson vêtu, ballants ses bras en phase,
nu-tête, imberbe encore : au jeune personnage,
la circulation cauchemarde un néant.
Toitures par-dessus la tricolore éclipse,
des croisements aucun où folle ne hennisse
l’automobile en masse, ô boulevard géant !
Découpant chaque vers du sonnet Le marcheur du noir de Nicolas Graner en unités discrètes reprises à l’envers, on a composé ici un nouveau sonnet. Exemple, la correspondance entre le vers 1 original et le 14 ci-dessus :
C’est une large / rue où / toutes / les voitures
<=>
l’automobile / en masse, / ô boulevard / géant !