Le 118 rue Jean-Bart est un estaminet fort fréquenté qui s’est ouvert au lendemain du décès du célèbre chef d’escadre, manière de célébrer sa mémoire. J’y ai ma table réservée où j’aime à inviter les étrangers de passage pour leur raconter mes campagnes corsaires et ma retraite dans la campagne lilloise :
— Eh oui, j’étais marin.
— … ?
— I was a sailor. Sailor, You know ? Maintenant je suis porteur de géant.
— … ?
— Giants, you know ? A l’occasion, je mène aussi le char du carnaval. Mon frère me prête ses chevaux.
— … ?
— Horses, nice and very clever… Hé, mais vous avez tapé dans l’œil de la p’tite Lily, celle qui fait la pute à Lille. Chacun ses goûts : l’hiver, l’été elle vend ses charmes à qui en veut.Ne tombez pas dans le panneau, ça risque de vous coûter cher. Hé, vous m’écoutez ? Listen, dear Swift !