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Les verrats à soies
Les verrats à soies pâturent dans la chênaie
ils ne mangent pas les mûres blanches et molles
pleines d’un sucre qui ne fait pas d’alcool
les verrats à soies qui sont patients et douillets
mastiquent les glands avec un bruit souillé
ça les endort mais autour de leurs épaules
ils se rêvent en cochon (un rond sur quatre guiboles
avec un fil de bave au groin) et dorment grassouillets
En les vidant on tire leurs soies
dont on fait pour un grand peintre une brosse
grande également qu’il agite sur la toile avec allure
Quand le peintre meurt on enterre le pinceau en soies
avec lui, et on grave son plus beau tableau sur sa tombe, en octobre :
une chênaie où sans fin les verrats à soies pâturent.
Jacques Roubauge et Alain Porcher [1]
[1] Cf. du même [A. Porc’her], « Ô Porc », A-B-Cédaire porcinophile, « Bibliothèques gourmandes », Éditions Virgile, 2003, p. 65-68.