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Le ravissement de L. Valise Stein forcément
Le ravissement de L. Valise Stein, forcément.
Il se penche. Sa valise est là, était là. Des escrocs, forcément, pour la convoiter. Une horde, certainement. Il ne le dit pas. Il le pense fortement. Alors il se penche. C’est la surprise. La surprise sèche. Des vieux fayots, dans un sac. C’est ce qu’il trouve, forcément.
Une marchandise, voilà ce qu’il se sent devenir. Floué. Un provincial pauvre, forcément floué. C’est la mort, il est greffé, il se sent bâtard, sale. Il sait les mites, leur grignotage, il sait les trous du tissu. Il sait l’os grignoté. Et les rideaux, forcément.
La boue, c’est la ville, il faut se retrousser. L’argument de la maladie, lâchement, le prétexte de la pâleur, c’est la peur de la gadoue, et du purin, forcément.
Il regrette le purin agreste, la campagne, les bicoques. Il regrette le sans façon de se vêtir, de porter des loques. Ce regret c’est la fin, c’est le sentiment de la fin, de l’éphémère. C’est le passage du temps. L’écu, ça passe, l’or ça passe. La fourrure de vair, ça ne dure qu’un matin.
Forcément.
À la manière de Marguerite Duras.