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La fée nommée « nonne » au logis du vent
Ce soir là, monsieur le Vent, monsieur le Tonnerre et madame la Pluie se sont donné rendez-vous au-dessus du moulin de madame la Fée. Quel curieux moulin : pourvu d’aubes et d’ailes assujetties les unes aux autres, on ne pouvait savoir qui de l’eau de la rivière ou du vent faisait tourner sa meule. La rivière qui traversait le moulin était à sec, le vent nul, et la bonne Fée, qui avait égaré sa baguette, réfléchissait à des moyens purement spéculatifs lui permettant de faire tourner les meules de son moulin. Sans sa baguette, elle ne pouvait mobiliser la puissance des agents atmosféeriques ! Et nos trois compères étaient bien dépités qu’elle ne fasse appel à eux. Vous allez voir, disait monsieur le Vent, je vais lui montrer qu’en soufflant simplement sur ces ailes, elles vont tourner bien vite. Vous n’y entendez rien, répondait monsieur le Tonnerre, c’est par l’électricité que je vais faire tourner les meules, ne voyez vous pas la force de mes éclairs, selon leur clarté nette ou diffuse, ne saisissez vous point la violence de mes décharges agitant déjà cette ramure ? Allons donc, répondait madame la Pluie d’une voix tantôt affable, tantôt brutale au gré des cris de monsieur le Tonnerre, je vais remplir le lit tout sec de la rivière de mes eaux tumultueuses qui feront tourner malgré elles les aubes de ce moulin, et je peux même m’introduire chez cette fée – absorbée comme une nonne dans la contemplation de l’Absolu - par le cadre de sa fenêtre, ce que vous autres ne pouvez point. Hé bonne dame la Pluie, répondit monsieur le Vent, ce sont mes coups de bélier qui vous feront pénétrer ce logis, et j’y fus bien avant vous, à tel point que je m’y sens chez moi, et ma vigueur vous emportera loin des hommes et loin de l’herbe qui entoure ce moulin. Monsieur le Tonnerre sautait comme des pétards d’enfant et monsieur le Vent emporta ses cris au-delà des monts.
Hachem, « Sainte Catherine »