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La Blanquette de Patton

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Heidelberg en Allemagne occupée, 21 décembre 1945, le général George Patton se blessera mortellement à bord d’une Cadillac broyée contre un camion militaire.

Patton est remarquable à divers titres, d’abord comme soldat téméraire, également pour son appétit d’ogre. Au point que, convaincu d’occultisme et se prenant pour la réincarnation de guerriers romains puis napoléoniens, il s’adonnerait après la bataille à des rituels anthropophages, façon comme une autre d’apprécier la bravitude de l’ennemi (et l’ennemi tout court). D’où, quasi irréfutablement rapportée ci-après, la recette de la Blanquette servie à George Patton le matin de son dernier jour...

Le général préside donc le breakfast de la 15e Armée stationnée en Allemagne. L’état-major américain est là au complet, et durant la matinée les joyeux convives répondent tour à tour à la question « Pendant qu’on se fend la gueule, faudrait-il pas plutôt fendre celle du salaud d’en face ? ». S’ensuit ce que les historiographes appelleront Mythe d’Heidelberg.

Selon le Mythe d’Heidelberg, à l’origine les nazis étaient des êtres hybrides. À la fois végétaux et animaux, ils avaient la forme d’un oignon farci de chair qui se déplaçait par culbute, en roulant sur lui-même. Or, une ambition incontrôlée amena ces présomptueuses créatures à défier toute force alentour, fût-ce celle d’un général américain quatre étoiles.

Ambition fatale, le haut commandement yankee doit réagir. Comment châtier pareille témérité, et pas qu’à moitié ? Ou plutôt si, puisqu’on coupe aussitôt les prisonniers hitlériens en deux moitiés réciproquement avides, l’une transformée en bulbe, l’autre en sauté de veau. Panique à la cantine de la Kommandantur : regrettant l’unité scindée et cherchant sa moitié, chacun des vaincus plonge dans la marmite du régiment.

Un large couvercle referme le piège. Deux heures de cuisson, il ne reste qu’à servir aux yankees vainqueurs la Blanquette de Patton. Et en voiture mon général !


"La Blanquette de Patton" paronyme de "Le Banquet de Platon".