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L’orage
c’était un soir de pluie de tonnerre et de venton était calfeutré dans le coeur du gros tempsau sein de cette maisonnettemoi dès que Jupiter s’met à taper du piedj’en attends du bonheur c’est vrai c’est singuliervous connaissez mes chansonnettesla belle était plongée avec un air studieuxdans un grand livre ouvert au titre très curieuxbien adapté aux circonstancesen bande dessinée "les Hauts de Hurlevent"quand redoubla la pluie dans l’orage grondantlors j’en jubilai à l’avancej’espérais ses frayeurs pour être protecteurla blottir dans mes bras rasséréner son coeurmais elle resta impassiblesubjuguée par Bronte Emily qu’aussitôtaux pires gémonies je vouais tout de gocomprenant mon rêve impossiblecar il n’y eut ce soir marivaudage aucunpas de câlineries pas de gestes coquinsen prémices de bagatellepas de sous-entendus plus ou moins polissonsla honte je vivais honte envers ma chansonmais d’ailleurs la connaissait-elle ?elle me fit savoir que viendrait son amice fut le gong final et s’affola la pluiesur cette sorte de naufragepourtant je repartis pas vraiment malheureuxen regardant ému ma lectrice aux beaux yeuxtout en me chantonnant l’orage