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L’Anadrammaturge
C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. | Triste nocturne de peur dévoilée. Entends |
Elle est plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. | le grand vent d’Est..., les planches du théâtre d’Ibsen où, seule, elle danse Enée, |
Un brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie d’orage, | le ballet épuré, pourtant de source si riche, qu’on danse en guipures et en pagne, |
avec des éclairs nets ou diffus, et un tonnerre | en souriant sur l’effet de scène osé d’un Vitrac |
qui dirait on fouette les frondaisons dans les gris du soir. | qui, distorsion du défi, ôte le frisson dû à la transgression. |
Par le cadre de la fenêtre s’infiltrent des minces fils de pluie | Disant mille paradis de félicité, d’en enfer les fleurs percent |
poussée par les coups de bélier que le vent assène contre l’abondance soudaine d’une pluie que ne veut ni homme ni herbe, pas plus que le tonnerre | les ans révolus de l’époque de scènes épiques qu’on condamne, où haine, peur, impudence, vanité blessée, perturbent l’espoir en la beauté, l’honneur, |
qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à étouffer le gong du soir. | ou autre vif sentiment positif, grave armure de l’enfance, que quiconque, vous, ou "Tu"... ... forgeras. |
Harry Mathews, « Sainte Catherine » (P.O.L. 2000) | He’s nearly a poet, man (with 2000 rich arts) |