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Je veux un vélo
Le vélo est le lieu du vent.
On peut voir du vent à vélo dans deux cas : le vent réel ou le vent à
soi. Il y en a un qui est fait par tout ce qui se meut, et un qui est
dû au type à vélo lui-même. C’est à ça qu’on voit s’il est fort,
en un sens, car plus il va vite plus il fait du vent.
Le vent réel est le vent qui nous gèle la face. Sur lui, je ne vois
rien à dire à part qu’il faut un bon ami avec qui on a un lien fort.
Le jour où on se tape un gros vent du nord bien calé dans la pipe, rien
ne vaut un pote au cou dodu. On se love dans son dos et on prie d’en
voir vite la fin. En fait, dès qu’il se met sur le côté et nous cède
la main, on va au turf à son tour.
Paul FOUR, Je veux un vélo, Œil, 2001.