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Hymne à la Nuit de Novalis
As-tu, toi aussi, un faible pour nous, sombre Nuit. La Lumière a planté ailleurs les pavillons de la joie. Quel vivant, quel être sensible, n’aime avant tout les prodiges de l’espace s’élargissant autour de lui, la joie universelle de la Lumière. Plus célestes que ces étoiles clignotantes, nous semblent les yeux infinis que la Nuit a ouverts en nous.
Ainsi c’est seulement parce que la Nuit détourne de toi les fidèles, que tu as semé dans les vastitudes de l’espace les globes lumineux, pour proclamer ta toute-puissance - ton retour - aux heures de ton éloignement. Ils voient plus loin que les plus pâles d’entre ces innombrables armées stellaires - sans avoir besoin de la Lumière ils sondent les profondeurs d’un cœur aimant - ce qui remplit d’une indicible extase un espace plus haut encore. Comme une reine de la nature terrestre, elle appelle chaque force à d’innombrables métamorphoses, noue et dénoue des alliances infinies, enveloppe de sa céleste image chaque créature terrestre. Que la Lumière maintenant me semble pauvre et puérile - heureux et béni l’adieu du jour !
Phrases reprises des Hymnes à la nuit de Novalis (Hymne I) / Traduction de Serge Meitinger d’après la version parue dans l’Athenæum (1800).