Accueil • L’oulipien de l’année • Chanson des rues •
Fiori musicali di Cyrano e Francesco
Cher Messire Caradec,
si, au hasard des ruelles, je fredonnais ;
je varierais le ton, par exemple, tenez :
Agressif
Moi, Môssieur, si je prenais une rue, il faudrait, sur le champ !
Que je la boucle en impasse et fringant !
Amical
Mon cher François : vous fredonnâtes avec amour ladite ruelle...
La bâtîtes-vous en tonnelle et colimaçons à la truelle ?
Descriptif
C’est un passage ? Une contre-allée ; un Boulevard ; une avenue ?
Une autoroute ; une esplanade ? Une voie pour charrues ?
Curieux
De quoi sert cette initiale prise au hasard : R ?
Est ce donc, par les temps là, que tu erres ?
Gracieux
Aimez-vous à ce point concerts de cuicuis et zinzinulis,
Que vous gazouillâtes avec eux en l’ile de la cité à Paris ?
Truculent
Ça l’ami ! Lorsque de chez vous sortez,
Faut-il donc qu’en ces bourgs disparus, vous pétuniez ?
Prévenant
Gardez-vous ! L’Art, là, n’ayant aucun pouvoir,
Votre tête entrainée, que des ; fleurs du mal ; fasse un encensoir !
Tendre
Chaque ruelle zézaie et babille maints mercis !
Bercés de soleil, leurs arts riment, en La Do Ré Si !
Pédant
Par hypotypose : la voie, habitations, automobiles, chaussée ; trottoirs
Caniveaux, bouches d’égouts, étrons canins, remugles en dépotoirs !
Pouah ! Pouah ! Pouah !
Cavalier
Quoi mes Amis ? C’te rue est à la mode et passée en Odes ?
Pour la ballader, c’est plutôt commode, ornée de verts polypodes !
Emphatique
Ô Rue typique de Topographes : Latitude de Ptolémée ; Oscillations de Chandler
Longitude d’Euclide ; Méridiens d’Hipparque ; Projections coniques arrondies d’Erasthostène ; Résonnance de Schumann ; Plongements de Nash ; Constantes de Feigenbaum ; Champs Maxwelliens dans son air !
Dramatique
Barricades à la Gavroche ; Rafle du Vel d’hiv... Encor ’ rues saignent !
Ne sont ce pas couplets de souvenirs et mémoire en Géhenne ?
Admiratif
Quelle rue épatante autant qu’époustoufliflette !
J’en suis sur les fort coquettes rouflaquettes.
Lyrique
Ô doux Champs-Élysées, en ritournelles
Tant chantés, de muses les plus belles.
Naïf
Cette rue là : toute piétonnière se visite donc ?
De haut en bas, droite à gauche et même ses environs ?
Respectueux
Souffrez, Messire François, que de verbes jolis, nous saluions,
L’ At-Home que vous exposâtes, n’obérant ni mésons, ni fermion !
Campagnard
Sich’ prenions c’te rue pavée au chortire de chez-Moué :
Ceti qu’elle m’amenions à la foir’ aux mulets et navets ?
Militaire
Prenez une horloge au hasartd, au temps T
Synchronisons là, par la lumière et : roger ? Prêts au guet !
Pratique
Ayons du Nez ! Au sortir de chez soi, un marché comme chez Bécaud :
Voici pour cent francs du thym de la garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches
Ou bien d’abricots ?
Voici l’estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de lavande
Ou bien quelques œillets ?
Vite, aux bésicles, n’oublions ni soles ; ni volailles, ni artichauts !
Parodique Shadokien
Ga...Ga : Prenez, au hasard : une rue !
Ga, B,u Zo, Meuh Meuh, Bu Bu Bu !
Abécédaire Parisien de rues empanachées ?
Le voici : D’Aquitaine ; Baigneur ; Chat qui pêche ; Désirée ; Eaux ; François 1er ; Grande Chaumière ; Haies ; Iris ; Jonquilles ; Kabylie ; Lafontaine ; Lilas ; Merisiers ; ND de Nazareth ; Oiseaux ; Panier Fleuri ; Quentin-Bauchart ; Rohan ; Saint Louis en L’ile ; Tilleules ; Urfé ; Vergers ; Watt ; Xaintrailles ; Yser ; Zadkine ; en effet !
Bref, ces emprunts à mon cher Edmond, sans pépin,
pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Servir toutes ces folles plaisanteries
dont Caradeccissimes floralies, et dont quatre lettres qui forment les mots " Rues " ; Rues ; Rues...
Merci.