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El Sericichado
Je suis l’invertébré, le ver dans le mûrier,
Cet arbre de Provence à la mûre amollie.
La belle dame est morte – était-ce en février ?
En voile de soie noir, elle semblait jolie !
Dans la nuit du tombeau comme en mon nid douillet
Nous dormons rassurés, ma très douce Ophélie
Les feuilles tant mâchées avec un bruit mouillé
Et ce fil qu’on dévide, à ta robe me lient.
Suis-je larve ou bombyx ? Le magnan des mûrons ?
(Ces fruits sont rouges, lors ils font de l’éthylène)
J’ai rêvé de ce moule où chante le Styrène
Et j’ai deux fois vainqueur tissé les pôles ronds
Du cocon d’où j’entends, dans les bras de Morphée,
Les murmures sans fin de la soierie griffée.
Jacques de Roberval - Les animaux déshérités