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Du bistrot et du granit, dialogue entre Ian Monk et Olivier Salon
je regarde le bistrot il est lumineux clair
– Le granit est compact lisse superbe
comme un smog londonien et sa glauque clarté
nous crève les yeux
– pas le moindre trou pour lui dessiner un œil
nous fissure l’esprit
– parfois, pas la moindre fissure pour le barrer
et on rampe
– très lentement
là l’un vers l’autre dans nos yeux et nos esprits
pendant que le jour se casse
– d’un tout petit millimètre
nos lèvres sèches lampent
la musique de nos boissons de tes yeux jolis
comme mer de possibilités là devant nous
– toute progression est impossible
l’autre est parti sans laisser de pourboire
et le barman nous fixe
– il bombe le torse
nous dit alors vous
ce sera quoi ? ce sera pour l’instant juste boire
– au fur et à mesure
le bleu de tes yeux ton regard ton visage
dans la mer de choses possibles là où on nage
– unique ultime / la réserve des grands cas
Ian Monk, À Bourges et des bribes d’Olivier Salon (Crochet à goutte d’eau)