Accueil • L’oulipien de l’année • La Peinture à Dora •
Dodo adora
C’est surtout les soirs d’insomnie - même si je me suis couchée de bonne heure- que je me livre le plus volontiers à cette sorte d’exercice oulipien. Malheureusement, mes poèmes ne se scandent guère plus qu’en hendécasyllabes, et quelquefois même, seulement en pentamètres. En termes de lecture, leur longueur est comprise entre celle d’un sonnet (14 vers) et d’une ballade de 35 vers. Tout se mélange avec rapidité, comme dans un centon, et d’authentiques créations se mettent à échapper à mon contrôle comme dans les séances d’écriture automatique des Surréalistes.
Le plus souvent, découragée, je me désintéresse de ces créations trop volatiles et je pense à autre chose, à compter des moutons de Panurge, par exemple ou à faire des listes de prénoms commençant par une lettre donnée. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce de les remanier et j’utilise les sonorités d’un poème en pleine évanescence pour en fabriquer hâtivement un autre – selon la méthode S+7 – qui ne tiendra d’ailleurs pas plus longtemps, dans l’horreur d’une profonde nuit…
Au réveil, il était midi.
François Danletexte, Poèmes à Dormir debout - L’Échappatoire, 1999.