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Diomira
Partant d’ici puis allant trois jours dos au ponant, voici Diomira,
bourg aux trois fois vingt toits ronds plats, aux zigomars divins
fondus dans l’airain, aux trottoirs stannaux, au palais cristallin,
un coq d’or chantant matin sur la tour. On croit qu’on connaît tout
ça pour l’avoir vu aussi dans maint bourg. Mais à Diomira, si l’on y
alunit un soir, fin août, quand il fait nuit plus tôt, lampions ou
lumignons aux huis signalant soudain, concomitants, plus d’un fish
and chips, si alors d’un balcon la voix d’un garçon glapit : hou !,
on part jaloux du quidam qui croit dans l’instant qu’il a connu
jamais un soir kif-kif mais qui l’avait alors satisfait.
Italo Calvino – Conurbations qu’on voit pas (Pas d’Huis), traduit du
rital par Jan Thibaudau