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Centon
On n’avait pas de pain et l’on allait pieds nus.
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
On te dit mort... Mort ou vivant, sois ma mémoire.
Si les temps revenaient, les temps qui sont venus !
Je me fais un palais de ce qui fut ma geôle ;
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales.
Tes grandes visions étranglaient ta parole.
Immobiles, baissons nos yeux vers nos genoux.
Je vois distinctement des mondes singuliers
Dans ces chefs-d’œuvre pleins de foudre et de clartés,
Ô million de Christs aux yeux sombres et doux ;
Le flot huileux et lourd décompose ses moires,
Hélas ! et, si je meurs, c’est que tout va mourir !
L’irrésistible Nuit établit son empire,
Chevauchant des chevaux spectres sous le ciel noir.
L’air est plein du frisson des choses qui s’enfuient,
Pas d’atome qui n’ait sa tâche ; tout s’agite,
De ton bandeau d’azur à ton pied de granit.
C’est vrai pourtant que c’est fini, que tout a fui.
Centon de :
Hugo (vers 1, 5, 11, 13 et 18),
Baudelaire (v. 2, 6, 10, 15 et 17),
Verlaine (v. 3, 7, 9, 16 et 20),
Rimbaud (v. 4, 8 et 12),
et Nerval (v. 14 et 19).
Hésitation de Françoise Guichard ; deuxième strophe, Verlaine en onze syllabes aurait pu faire exception aux alexandrins :