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Besoin de personne
Je n’aimais pas l’école. Mais même par grand vent, je devais y aller à vélo.
Vélo que je haïssais. On m’a dit qu’il y avait deux vents pour les vélos. Comme si un ne suffisait pas ! Je n’aime pas le vent. Il y aurait le vent de tout le monde et un autre produit par le cycliste. Le vent de tout le monde, bon, c’est à tout le monde. Mais l’autre là, le vent privé, celui du pédaleur, il le fait tout seul, l’abruti ! Il n’a rien d’autre à faire ? Y pouvait pas rester couché ? Ça n’est que du vent, tout ça ! De la dernière stupidité qu’il est, je vais te dire, car plus il va vite, plus il en fabrique, l’andouille !
Avec la chance que j’ai, le vent de tout le monde déjà, est toujours contre
moi. Face à lui, on ne peut rien. Un vent du nord dans le pif ? Glacé comme il faut ? Il est pour moi à tous les coups, normal ! Mais là, il y a toujours un grand baraqué qui me passe devant, histoire de m’humilier encore un peu ! Je me fais tout petit derrière lui et j’attends, je n’ai pas le choix. Et hop ! Là, il s’écarte ! Et qui se prend toute la bourrasque ? Encore moi, évidemment ! Tous des salauds !
Port foule nerf. Un vélo, vous dites ? Non, non, je n’ai besoin de rien ni
de personne.