Accueil L’oulipien de l’année Chanson des rues
Après la ripaille

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Caradec, ce poète au sourire si doux,
Fredonnant un couplet qu’il aimait entre tous
Pour son air guilleret et son côté canaille,
En sortant de chez lui par un soir de ripaille
Parcourait une rue au hasard dans la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
Rassemblant ses esprits il se mit à l’écoute ;
C’était comme un refrain émanant de la route,
Chaleureux, fraternel, ivre plus qu’à moitié,
Et qui disait : « merci ! » d’un ton plein d’amitié.
François, ému, songeait en suivant la ruelle
Qu’à Paris la première est toujours la plus belle.
Et dit : « Viens boire un pot si tu n’es pas pressé. »
Tout à coup, cependant qu’il se tenait baissé
Pour parler aux pavés, une espèce d’aurore
S’esquissa dans le ciel plein d’étoiles encore.
Caradec s’écria : « Qu’il est tard, caramba ! »
Et se mit à goualer quelques airs de rumba.
« Merci d’avoir chanté la ville, fit l’artère.
— Viens tout de même boire un coup », dit le trouvère.


D’après Après la bataille de Victor Hugo, en conservant les rimes.

Poème adressé le 18 juin 2024, jour anniversaire de François Caradec, 100 ans. On commémore également les batailles de Camaret, de Waterloo, de Malakoff... les 18 juin se ramassent à la pelle.