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Annan russe
Deux jours déjà que nous suons sous des feux qui font chape. Loin, aussi loin que la vue peut aller, rien que du roc, mais voici devant notre regard Annan, pays des airs que, sans répit, nous vîmes rouler, siffler, souffler, rendant toutes paroles inutiles.
Etrange rituel quand arrive avril : chaque jeune enfant ayant neuf ans va, d’un sac écru, tirer avec grand soin une fève qui dira : « Toi, tu vas être tel ou tel ». Tu n’as pas onze ans et ton sort est déjà écrit, quel poste fera ton pain, qui sera ton mari... Tes fils ont déjà leurs noms avant même que tu les aies vus, et ton jour final bien sûr se lit sans peine. Destin heureux, destin forcé, quel que soit celui tiré ainsi, tout est fait selon.
Devant notre réel doute, Zazi notre fidèle guide nous dit : « Quoi ? Aller contre quelque sombre futur dont nul ne fut, dans Annan, jamais cause ? Nous avons choisi : subir sans mot dire est tout aussi bien. »
Par Patrick Flandrin
Montagnes russes : chaque mot comporte une lettre de moins ou une lettre de plus que le mot précédent.