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À Léon
À Léon,C’est surtout le soir que je me livre plus volontiers à cette sorte d’exercice ou de rage. Sur mes tableaux, j’accroche des camemberts trop liquides qui se mettent à couler, comme les dessins de la pluie sur une vitre. Malheureusement, tout peut se défaire avec rapidité, et mes actions ne durent généralement pas plus de quelques minutes, et quelque fois même quelques secondes : en termes de radio-activité, mes "périodes" sont comprises entre celles du thorium A (0,14 seconde) et du radium C (3 minutes). Le plus souvent je me désintéresse de ces chefs-d’oeuvre authentiques ! D’autres fois je m’efforce de les remanier et j’utilise des débris d’un autre en pleine déliquescence pour en fabriquer hâtivement un, je me l’accroche et le tableau d’ailleurs ne durera pas plus longtemps !