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Un sorcier balèze
On dirait que je suis chef, et Matthieu sergent.
Voyez nos vingt rivaux dehors, soiffards d’un jan !
Voilà notre château provençal qu’on assiège,
Mais par des tirs d’obus fructueux m’opposé-je.
Matthieu paraît blessé, quel absolu mouron !
Fichtre, aucune importance : objectivez d’aplomb !
On porte ici l’assaut final de nos épées.
Une hydre arrive, bang ! et prodigue ma paie,
Me barrant le passage ; or un mâchicoulis
M’obscurcit bien à l’oeil des requins et grizzlys.
De mon superpouvoir, bref, je les neutralise.
J’ai béni ce château, j’informe vif et squeeze.
Puis les gens vont crier hourra ! vive ce temps
Du milkshake au café liquoreux, ô titan !
Dix Chocoprinces veux-je, et l’arôme de fraise ;
Pas d’autre gustation pour un sorcier balèze !
« Sinon j’oublie » de Clem Mélois, Grasset 2017, « Oscar » pp. 68-69.
Chaque distique est hétérodigrammatique : aucune paire ordonnée de lettres successives n’apparaît plus d’une fois au cours des deux alexandrins. Ainsi, lisant « On dirait (...) soiffards d’un jan », l’on n’y rencontrera qu’une fois les couples de lettres "O-n", puis "n-d", puis "d-i", puis "i-r", etc.
Les rimes aux graphies différentes sont une conséquence de cette contrainte.
Le « jan », dernier mot du deuxième vers, désigne un coup de dés au jeu de trictrac.