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Traduis l’homoconsonantisme
Menaçante lueur ne rayonne souvent,
ne crève Bibendum ni dose l’alcali...
Glanderait-elle alors en mélisse myope ?
Extraite du recueil "Bruxelles en Rolls-Royce" (éd. Ichthusson, 1925) cette strophe de Gilbert Farelly est contemporaine du séjour outre-Quiévrain de son ami et mentor Raymond Roussel.
Yvan Maurage est correspondant permanent de Zazie Mode d’Emploi à Bruxelles. Une ancienne publicité belge (on y voit Bibendum qui "traverse la terre") l’a motivé à récrire les trois alexandrins de Farelly en s’appliquant à :
– réduire le tout en un haïku,
– rester fidèle au sens initial,
– reproduire l’ordre les consonnes du poème de Michelle Grangaud :
TRaVeRSe La TeRRe
CeLui Qui PeNSe PoSSèDe
La RiVe eT Le FLeuVe
Cela donne :
Torve rais luit rare,
claque pneus ou pèse soude.
Larve-t-il floue ive ?
Comparons Farelly (1925) => Maurage (2016) :
menaçante lueur => torve rais
Bibendum => pneus
alcali => soude
glander => larver
mélisse myope => floue ive
C’est assez concluant. Serait-il donc envisageable de redire fidèlement n’importe quel texte malgré le carcan d’une suite imposée de consonnes ? Conjecture qu’a aussitôt renforcée, sur la même séquence TRVRSLTRR - CLQPNSPSSD - LRVTLFLV, la quasi répétition d’une autre strophe de Gilbert Farelly par Françoise Guichard :
Trêve au ru :
sol tari,
roc laqué,
pins, épis,
os, idole...
rêve-t-il
fuie la vie ?
... d’après "Calme Senne" (in "Bruxelles en Rolls-Royce", éd. Ichthusson, 1925) :
Calme Senne à Rebecq : une terre fourbue,
un rutilant caillou, mélèzes et froment,
squelettes et démon au plat pays l’endorment...
Éternité perdue ?