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Sonnet du livre tu
Je songe à ces livres que je n’ai pas écrits.
Au néant à jamais, le lecteur les relègue ?
Quelle erreur ! Ils sont là, tout prêts dans mon esprit.
À la postérité, virtuels, je les lègue.
Leurs mots très bien choisis, donnez-moi ce crédit,
Sont prêts pour l’éditeur. Nulle phrase n’est bègue.
Mais pour les assembler, je suis tout engourdi
Et je ne produis pas comme certain collègue.
Tout n’a-t-il pas déjà été dit maintes fois ?
Un volume de plus, qui donc s’en aperçoit
Après tant d’écrivains ? Vraiment la belle affaire.
Me voilà éperdu trouvant avec dépit
Le fruit de mon travail dans leurs pages, tapi.
Tout écrivain, dit-on, n’est jamais qu’un plagiaire.