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Sainte-Catherine endormie
C’était un soir de vent, de tonnerre et de pluie.
Le réservoir du ciel soudain se débondait ;
Elle s’était plongée au sein d’une Bédé,
Adaptée du roman de Brontë Emilie.
Elle s’était couchée de fatigue accablée ;
Elle avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Dehors tonnait l’orage en tempête endiablée.
L’onde des cieux tombait comme un ruisseau d’avril.
Ça gerbait, ça giclait, vagues faramineuses ;
Elle se murmurait, pour faire sa crâneuse :
– Laissons tomber la pluie, on se croit en l’an mil !
L’averse tombait drue en une pluie oblique.
Vêtue de probité candide et de lin blanc,
Elle lit à l’abri des carreaux ruisselants,
Le grain d’orage étant vraie fontaine publique.
Tout s’agitait dehors (et dans Harry Mathews) ;
Des éclairs hachuraient le ciel profond et sombre ;
La lune s’effaçant aux profondeurs de l’ombre
Brillait par son absence (où est ma rime à tiouse ?),
Le temps était pourri, ce dont je vous fais juge ;
(Supposez un campeur sous sa tente, inquiet)
La fenêtre, assaillie sous les coups de bélier
Du vent, était mouillée et molle du déluge.
Les cieux ne savaient point qu’une femme était là,
Elle ne savait point sque les cieux voulaient d’elle.
Elle était assiégée comme une citadelle ;
Ça soufflait, ça flottait, lugubre était le glas.
Sainte Catherine endormie, V. H. Mathewsalem