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Raymond la Valoche a fichu le camp
Le coche au galop de Havre en Avranche
fait claquer son fouet tel un loup ses crocs ;
il craint par la nuit ces hordes d’escrocs
jaloux de valise ; alors il se penche.
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Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.
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Tout était douillet dedans la valise ;
mais au lieu d’effets, chandails et maillots,
il retrouve un sac jadis de fayots ;
un cri ! c’est l’orfraie à la lune grise.
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Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.
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Le voyageur plonge en ses ordes mythes ;
l’ombre du commerce a dressé l’étal
sur quoi lui greffer un fatum létal :
os, tissus, rideaux grignotés des mites.
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Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.
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Vague diable lâche à mine pâlotte,
« Voyez la gadoue ! » argüe un lutin.
Son cothurne accroche au pied le purin ;
l’elfe debout donc relève sa cotte.
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Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.
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Dans les bois profonds, l’agreste bicoque
n’était point flouée ; en province encor,
l’écu déparé du vair et de l’or
ornait sans façon chaque infecte loque.
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Je ne sais plus où, je ne sais plus quand,
Raymond la Valoche a fichu le camp.
D’après Choses du soir de Victor Hugo dans "L’Art d’être grand-père". Ce poème a été mis en musique par Sir Martin Granger en personne, alias Raymond la Valoche.