Portrait croisé de Floriane

 

Je vois une jeune femme, posture et gestes entre retenue et motivation farouche.

Je devine, trace sur sa peau, l’encolure chaude juste tombée au premier soleil de mars.

Je sais qu’il lui importait de se joindre au groupe d’écriture déjà complet.

Je remarque un jeu infime d’asymétrie, statique et dynamique : la barrette sur une mèche brune, l’alternance du croisement des jambes.

Je me demande quelles nuances pour la peindre en vrai, teintes tout en douceur, à peine la fantaisie - hors cadre cependant - de chaussures vert pomme.

Je souligne la course du stylo, note vive à la mode de Pollock, la seule à prélever d’un tube orange.

J’ignore à quoi d’habitude, mais ces mains-là ont appris à travailler vivement.

Je suppose qu’elle écrit souvent, protocole impeccable, potentiellement oulipien dirait la tautologie.

Je note ainsi, campée sur sa page, qu’elle me croque en format paysage ; qu’a-t-elle saisi à la marge du bonhomme ?

Je vois, aussitôt relu ce portrait d’une inconnue, une responsabilité qui tient de la fresque, dont l’exécution ne souffre ni délai ni repentir.