Accueil L’oulipien de l’année Mœurs des maliettes
Parfois pour s’amuser...

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Parfois, pour s’amuser, ce tendre écrivaillon
Prend une maliette, étrange oiseau de plume,
Qui se donne sans fard sous l’intime crayon
Dans le simple appareil d’un unique volume.

Mais à peine en a-t-il saisi l’expression
Que le jour se dissipe en malaises d’écume
Comme dans un roman de monsieur Brisavion
Dont le propos craché retombe en fine brume.

La créature ailée à l’œil de lune gris
S’efface d’un seul trait sitôt qu’on la peint d’encre ;
Sa vie arrête nette au moindre des écrits
Qui saurait l’étudier, en avicide chancre.

Le poète est pareil, sous l’indicible bris
De l’assaut du lecteur, à ce cœur qui s’échancre :
Le plus petit soupir, semblable à mille cris,
L’empêche de créer, goûtant la peur du cancre.


À la manière de L’Albatros de Baudelaire.