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Oublier Clément
Clément n’est pas un héros de nouvelle.
Pour imaginer sa tâche, dresser le catalogue des travaux transformant les enveloppes de chenille en fibre d’organsin prête à tisser ? Asphyxier les chenilles dans une étuve à gaz chaud, retirer les enveloppes de l’étuve et les poser sur des planches où elles sèchent pendant trois périodes de trente journées, au cours desquelles il faut les retourner régulièrement pour accélérer l’amenuisement du suc, tirer ensuite les fibres d’organsin des enveloppes en les jetant dans des bacs de liquide très chaud dans lesquels on plonge les poings pour en tirer les fibrilles d’organsin d’attribut supérieur, presser plusieurs de ces fibrilles ensemble pour obtenir une fibre, bobiner ces fibres pour en faire des échevettes, préparer les fibres pour les machines à tisser.
Une tâche extrêmement pénible, qui s’était déplacée des champs aux établissements lyonnais. Avec les relents des cocons en pourrissement, le liquide brûlant, les déchets d’organsin dans l’atmosphère des usines dont les vasistas étaient fermés pour protéger le coûteux organsin. Une profession d’homme.