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Où l’on gobe les œufs de poule et où nul ne peut plus bouffer de bœuf cru
« Ah ! Ça ! Pas banal, l’anticlinal ! », s’agaça-t-il.L’inamical granit apparaissait si ingrat. Il l’admirait : fascinant,attirant, attractif ! Glacis abrasif mais brillant ! Cristal scintillant,diamant intact !L’amas magistral s’alignait à l’infini, indivis, à pic ! L’invitait-il à sifatal pari ? « Franchir ça ? Pas ça ! » Ça paraissait si hardi !Il fallait pas mal d’allant imaginatif, car ici, climat sain, frais, maisfatigant. Pas d’abri...! Pas d’atlas à saisir, pas d’axis à agrandir.Ralliant l’avis d’amis africains affranchis, dans l’Alabama d’avant Barak,il apprit l’anglais ASSIMIL, l’irlandais grammatical archaïsant, mais là...Là, ni passif, ni imparfait ! Pas d’infinitif : il visait l’indicatif,l’affirmatif ! Ni charabia abstrait, ni galimatias, ni blabla... il pritparti d’agir !Pas d’alibi !Il n’imaginait pas partir sans barda minimal, sans attirail vital. Pasniais, il limita sa part d’achats : sac, T-shirts clairs, falzar, slips,calcifs Damart, mi-bas, gants anti-gliss, patins, chapka d’astrakan, finplaid d’alpaca, hamac pliant, camping gaz... grappins, filins. Pas d’habitsd’apparat, ni sari, ni batik, ni bikini !À midi, il ripailla, mais pas d’acras antillais, ni piccalilli, pasd’achards, ni tapas d’Atitlan ; pas d’antipasti milanais... ; pas d’abats, sigras, ni calamars frits, ni « big-mac » ricain, ni banana-split... Ils’impartit, a minima : gambas (sans ail), riz pilaf (basmati), salsifis,lait, brillat-savarin, pain bis (rassis), sans acidifiant, ananas sansadditif d’aspartam.Il s’abstint, n’avala ni akvavit, ni arak à l’anis ; ni armagnac, nicalva... ni vin blanc, ni gris, ni incarnat !Satisfait, ragaillardi, fringant, il s’anima, passant d’inactif, amaigri,lascif, à actif, vaillant, incisif, battant.Il s’acclimatait. Il inspirait l’air ambiant, vibrant : glacial maisvivifiant.À l’instant initial : bandant l’avant-bras, il avança sa main, à plat.Ainsi sa saga s’initiait dans l’art viril. D’instinct, il s’agrippait,s’arrachait, ahanant, gravissant pas à pas, l’intimidant massif glissant.À la fin, il parvint ric-rac à l’insignifiant saillant aminci : finalparfait ; plaisir animal ; climax garanti : paradis !« Pas malin !, dit-il, badin. J’allais finir par m’aigrir ! J’ai craintl’impair ! »Il siffla l’artisan-taxi, grimpa à l’avant.Mais il n’arriva pas à sa villa car, assailli, trahi par la faim, admit-il,il pâtissait d’invasifs laxatifs : cassis, raisin, kakis, kiwis... ! Ildistillait mal !Ah ! Vilain transit, accablant, invalidant !Ravi il avisa : « Bar »... Il parla à la barmaid, vingt cinq ans, traitscraintifs, flairant l’intrigant malfaisant, hircin... Il fit maints baratinsadmiratifs, insista... : vains babils ! Ça travaillait, ça palpitait !Affaibli, vacillant, il vit inscrit : « Placard à balais - WC »... Il s’activafissa, s’installa dans l’absidial cagibi privatif, abaissa l’abattant, ils’assit... Il priait, transpirait, vagissait..., flancs maladifs : il vida,à grand fracas, l’irradiant, l’infamant tracas ! Ça l’annihila, mais çal’apaisa.« Salissant ! », s’indigna la nana...Plagiat d’Al Capitan, par Wana