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Mon rêve frontalier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
d’une route étrangère où je roule en Béhaime,
et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
ni tout à fait une autre. Et chacun me comprend.
Je fais en sorte que mon propos transparent,
au moindre des lecteurs cesse d’être un problème
J’ai passé la frontière au petit matin blême,
La douanière m’a fait un signe en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues.
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
l’inflexion des voix chères qui se sont tues.
À la manière de Paul Verlaine, Mon rêve familier.