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Mirador
En partant de là et en marchant trente jours vers l’est, le convoi se
trouve en vue du premier mirador du camp. Une effigie en bronze du guide
suprême règne sur les soixante baraques de planches, les rues boueuses,
et la place où chaque matin, mugit la sirène de l’appel.
Toutes ces installations, le condamné les connaît déjà pour les avoir
vues aussi dans d’autres camps.
Mais le propre de celui-ci est que celui qui y entre un soir de
septembre, quand les jours raccourcissent, que les lampes crasseuses
s’allument pour la distribution des gamelles, et qu’un haut parleur
diffuse le Chant de l’Espoir, se surprend à penser à tous ceux qui ont
déjà entendu cet air, et à envier ceux à qui il ne rappelle que des
moments heureux.