Qui vous étudiera ? Qui décrira vos mœurs ?
Pour bien vous raconter il faudrait un ouvrage
sur papier illustré d’eaux-fortes en couleurs
on s’enthousiasmerait en tournant chaque page

Au milieu du thorax comblant toute la cage
battrait tout doucement un gigantesque cœur
– c’est du moins ce qu’on sait par certain témoignage.
Qui vous étudiera ? Qui décrira vos mœurs ?

Votre subtilité est infinie douceur ;
le doigt le plus léger vous inflige un outrage ;
quiconque vous occit d’un seul regard moqueur.
Pour bien vous raconter il faudrait un ouvrage

Au milieu de la suie qui teint votre plumage,
sous votre col éclate une rouge splendeur.
Que n’a-t-on fait de vous un beau livre d’images
sur papier illustré d’eaux-fortes en couleurs !

Qui veut vous dessiner vous fait mourir de peur,
et si la poésie pouvait vous rendre hommage,
je dédierais un livre à toutes vos grandeurs :
on s’enthousiasmerait en tournant chaque page.

Quand le gauche écrivain croyant vous faire honneur
lève son couvre-chef, il provoque un carnage.
Il veut vous rendre un culte et fait votre malheur.
Hélas ! si l’on ne peut vous frôler sans dommage,
Qui vous étudiera ?