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Les vers-à-souâ
Les vers-à-souâ hâblaient sans relâche dans les mûriers
ils ne goûtaient pas ces mûres pâles et douceâtres
que gâtent des arômes qui ne font pas de gnôle
Les vers-à-souâ qui sont opiniâtres et benêts
mâchaient leur pâture verdâtre avec des râles
ils s’en soûlaient et se pâmaient mais tout autour de leurs côtes
ils bâtissaient une boîte avec deux pôles voûtés, sans fenêtre,
grâce à un câble saumâtre, puis rêvassaient dans leur non-être
En le démêlant on tâtait un câble de souâ
dont nous fîmes pour une théâtreuse admirââble un vêtement de fête
admirââble de même et qui lui câlinait le râble
Quand l’âme de la théâtreuse la lâcha, nous ensevelîmes la souâ
avec elle et nous plantâmes, à son côté, en août,
un mûrier où hâblaient sans relâche les vers-â-souâ.