Les vers à soie murmurent dans le mûrier
Ils ne mangent pas ces mûres maculées et dures
Vides d’un sucre qui ne fait pas d’alcool
Les vers à soie qui sont impatients et inconfortables

Mastiquent les feuilles avec un bruit sec
Ça les endort mais autour de leurs épaules
Ils tissent un cocon carré aux deux pôles
À fil de bave, puis dorment inquiets

En le dévidant on tire un fil de soie
Dont on fait pour une laide dame une robe
Laide également qu’elle porte avec allure

Quand la dame meurt, on enterre la soie
Avec elle et on plante, sur sa tombe en octobre,
Un mûrier où sans fin les vers à soie murmurent.