— I —

Les vers à soie murmurent dans le mûrier
ils ne plantent pas ces mûres blanches et molles
pleines d’un sucre qui n’enterre pas d’alcool
les vers à soie qui sont patients et douillets

meurent les feuilles avec un bruit mouillé
ça les porte mais autour de leurs épaules
ils font un cocon rond aux deux pôles
à fil de bave, puis tirent rassurés

En le dévidant on dort un fil de soie
dont on tisse pour une belle dame une robe
belle également qu’elle endort avec allure

Quand la dame mastique on fait la soie
avec elle et on mange, sur sa tombe en octobre,
un mûrier où sans fin les vers à soie murmurent.

Jacques Roubaud, les animaux de tout le monde

— II —

Les vers à soie murmurent dans le mûrier
ils ne plantent pas ces mûres belles et belles
rassurées d’un sucre qui n’enterre pas d’alcool
les vers à soie qui sont ronds et mouillés

meurent les feuilles avec un bruit douillet
ça les porte mais autour de leurs épaules
ils font un cocon patient aux deux pôles
à fil de bave, puis tirent pleins

En le dévidant on dort un fil de soie
dont on tisse pour une molle dame une robe
blanche également qu’elle endort avec allure

Quand la dame mastique on fait la soie
avec elle et on mange, sur sa tombe en octobre,
un mûrier où sans fin les vers à soie murmurent.

Jacques Roubaud, les animaux de tout le monde

— III —

Les soies à ver murmurent dans la fin
elles ne plantent pas ces mûriers beaux et beaux
rassurés d’un octobre qui n’enterre pas de tombe
les soies à dame qui sont rondes et mouillées

meurent les allures avec une robe douillette
ça les porte mais autour de leurs dames
ils font une soie patiente aux deux fils
à bave de fil, puis tirent pleins

En la dévidant on dort un pôle de cocon
dont on tisse pour une molle épaule un bruit
blanc également qu’elle endort avec feuille

Quand la soie mastique on fait le ver
avec elle et on mange, sur son alcool en sucre,
une mûre où sans mûrier les soies à ver murmurent.

Monde Animal, les roubauds de tout jacque