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Les ruines d’Annan
Blessé, pourchassé, le vagabond avançait pénilement dans le désert. Le sable rouge imprégnait ses vêtements et collait à sa peau moite. La fièvre multipliait les sifflements aigus du vent et les senteurs océanes augmentaient sa nausée. Parvenu à l’oasis, il étancha sa soif et loua un chameau. Puis il refit à l’envers le chemin aux sentiers qui bifurquent conduisant vers Annan. Un étrange silence l’accueillit. Aucune turbulence. La prédiction du "Livre de sable" s’était accomplie : le vent était tombé, et, avec lui, la ville. À son regard s’offraient les ruines circulaires. Il erra longtemps dans le labyrinthe des faubourgs dévastés avant d’atteindre la boutique du marchand de couleurs d’où il s’était enfui. Sur le seuil de la porte aux losanges colorés , discutant avec un inconnu souriant se tenait son ennemi. Celui-ci le héla :
— "Pierre Ménard !"
Un sentiment de plénitude l’envahit. Au moment d’être atteint au front par un caillou argenté, il s’entendit répondre :
— "Tu ne me trouverais point si je ne t’avais cherché"
J. L .B, Annan ou la Mémoire, Folio
Préface P.9
Dominique Arban : — Parlezmoi de vous , J. L. B.
J. L. B. : — "Que voulez-vous que je vous dise ? Je ne sais rien de moi, je ne sais même pas l’heure de ma mort ."
Cité de mémoire par Miss Yves