J’aurais aimé me souvenir du sourire de mamaie Jeanne quand j’entrais dans sa petite maison étroite, de son plaisir quand je la complimentais sur sa tarte au libouli.

 

j’aurais aimé me souvenir de son accent quand elle me disait "les ouatères c’est au fond de la cour" Il aurait fait froid et je ne me serais pas attardée, pressée de retrouver la chaleur du poële.

 

J’aurais aimé me souvenir du jour de Noël où tout le monde était réuni autour de la coquille et du chocolat chaud. Tout le monde aurait apporté un cadeau et on aurait tiré au sort pour savoir qui avait quoi.

 

J’aurais aimé me souvenir de la gentillesse des voisins quand mamie était malade. Chacun aurait proposé son aide, pour les courses, le ménage, la pharmacie.

 

J’aurais aimé me souvenir des batailles de polochon, couchés à quatre dans l’unique chambre du haut. Papy aurait fait semblant de se fâcher, derrière sa moustache, pour le principe.

 

J’aurais aimé me souvenir des parties de billes, dans la cour, avec les petits voisins avant d’entendre : "on rentre, c’est l’heure du bain".

 

J’aurais aimé me souvenir du bonheur d’avoir une famille.